Pure manifestation du mépris de classe, de la part de dirigeants sadiques pour qui protéger le bas peuple ne saurait advenir sans le punir, le confinement judiciarisé par contrôles arbitraires aux doux relents fascistes est terminé. La joie d’interdire, pour le plaisir de punir, ce devrait être le slogan de toilette officiel de la monarchie présidentielle de Gaulle romaine. Autant assumer. Et tant qu’on y est, le français étant la langue de Sade, bien plus que celle de Molière, réglons ça aussi. Inutile de jouer aux raffinés quand on aime rien tant que donner la fessée aux prolos.

On a enfin le droit de sortir cracher du Covid-19 à pleins poumons dans la campagne. Pourtant, je n’ai pas croisé grand monde, ce jeudi de l’Ascension, en descendant la Moselle en vélo, de Nancy à Pont-à-Mousson, sur 55 km aller-retour. À part quelques pécheurs et un gros castor, juste derrière les fonderies de Pont-à-Mousson. Ça valait bien la peine de condamner la voie verte pendant 2 mois… « Au cas où les gens abusent ».  Abuser de quoi ? De l’espace disponible ? C’était pas exactement ça l’objectif de la « distanciation sociale » ?

J’imagine qu’il était important d’assigner tout le monde à résidence, en faisant fi des spécificités régionales et des densités de population, pour tester à quel point on peut devenir facho sans que les gens ne bronchent. Voilà, gagné. La flicaille s’est exécutée, sûre de porter secours à la nation, comme en 1940. La populace applaudissait chaque soir à 20 h les seuls dont l’emploi est garanti en ces temps troublés. Les promeneurs ont été soumis à la vindicte populaire au motif qu’ils faisaient courir un grave danger aux arbres et aux oiseaux, auxquels ils auraient pu transmettre la si mortelle pneumonie (28 000 morts au moment où j’écris, contre 73 000 morts par an liés au tabac ou 41 000 à l’alcool – apparemment pas assez pour les interdire…). Drôle de solidarité que celle d’imposer aux campagnards qui vivent à 50 habitants par km² les mêmes contraintes que celles imposées aux grandes villes.

Et puis, on vient de s’asseoir sur 1/6e du PIB annuel par faute d’avoir sapé le système hospitalier, depuis Mitterrand, pour réaliser quelques économies de bouts de chandelles. La gestion à court terme, c’est rigolo. Réformons l’hôpital en mettant le pays sous cloche à chaque épidémie un peu méchante. J’espère qu’ils sont fiers de leurs économies.

Bref, je ne vais pas m’attarder longtemps dans ce pays d’attardés. Que ne suis-je né en Suède ?