Published On : 10 June 2014 |Last Updated : 15 March 2021 |11391 words|48.5 min read|11 Comments on Choisir son appareil photo numérique|

Note : l’auteur travaille en recherche et développement pour le logiciel de développement de photos darktable, sur la cohérence des couleurs dans une chaîne de travail HDR (mappage de tons et de gamut) et sur les effets visuels physiquement réalistes (simulation de pellicule, reconstruction d’images endommagées, ajustement des couleurs par simulation de lumière).

#Avant-propos : Qu’est-ce qu’un appareil photo ?

Réduit à sa plus pure expression, un appareil photo c’est un système de collimation (une lentille diaphragmée ou un trou d’épingle) qui forme une image sur une surface photosensible (film photochimique ou capteur numérique) capable de fixer cette image dans le temps. Quelle que soit sa technologie, son niveau de complexité ou son degré d’automatisation, un appareil photo se limite à ceci.

Les rayons lumineux partant de l’objet sont déviés par la lentille et vont converger au foyer (F). Les rayons périphériques vont être bloqués par le diaphragme dont le diamètre d’ouverture est réglable. Plus on coupe les rayons périphériques (diaphragme fermé), plus l’image est nette sur une grande profondeur car les rayons périphériques ont tendance à converger derrière le foyer et donc à former une image floue (composante du bokeh). Physiquement, la distance focale correspond au rayon de courbure de la lentille (supposée sphérique). En pratique, un objectif est composé de plusieurs lentilles asphériques pour s’arranger avec les limites physiques de la lentille sphérique unique, c’est pourquoi la distance focale inscrite sur l’objectif est celle de la lentille sphérique équivalente.

Lorsqu’on réalise une photographie, on ne règle que deux catégories de choses :

  1. la mise au point, c’est à dire la position de la lentille par rapport à la surface photosensible, qui va rendre certains objets nets sur l’image, et d’autres flous, en fonction de leur distance par rapport à la lentille,
  2. l’exposition, c’est à dire la quantité de lumière qui arrive sur la surface photosensible. Cette exposition dépend de 3 paramètres :
    1. l’ouverture du diaphragme : plus le diamètre du diaphragme est petit, moins on laisse entrer de lumière,
    2. le temps d’exposition (ou d’ouverture) : tant qu’on laisse l’obturateur ouvert, on ajoute de la lumière sur le support photosensible.
    3. la sensibilité du support photosensible (en ISO ou ASA) : celle-ci est un peu particulière, puisqu’elle ne change rien à la quantité de lumière qui entre dans la chambre noire, mais elle influe sur l’effet de la lumière. Une haute sensibilité demande moins de lumière pour que l’image formée apparaisse blanche mais produit plus de grain ou de bruit, et réduit la plage dynamique disponible. Le diaphragme et le temps d’ouverture sont ajustés en fonction de la sensibilité, qui n’est pas réglable indépendamment pour chaque image en photo argentique.

Les paramètres d’exposition influent sur la « texture » de l’image :

  1. une sensibilité élevée induit du bruit ou du grain, c’est à dire des pixels dont la valeur de luminance et/ou de chrominance est aléatoirement incohérente avec celle de leurs voisins,
  2. une grande ouverture créée un flou d’arrière-plan marqué (bokeh) utile pour isoler un sujet du fond mais indésirable en paysage,
  3. un temps d’exposition long va rendre plus ou moins flous les sujets en mouvements.

La mise au point et les paramètres d’exposition forment donc les 4 paramètres de base, que nous grouperons sous le terme « paramètres de prise de vue ». Que votre appareil photo soit manuel, automatique, semi-automatique, argentique, numérique, ou que ce soit un téléphone etc. ce sont les seuls paramètres contrôlés sur l’appareil photo. Toutes les autres fonctionnalités sont purement logicielles et visent :

  • soit à programmer les automates qui vont régler les paramètres de prise de vue de façon indirecte (par exemple : les modes scène), en leur fournissant des indications a priori (photo prise en basse lumière, sujet en mouvement, etc.) qui vont permettre à l’appareil photo de prendre des décisions automatiques plus précises et sensées,
  • soit à appliquer des effets numériques sur l’image après sa capture, c’est à dire des étapes de développement-retouche.

Les fonctionnalités logicielles n’influent absolument pas sur la capture matérielle de l’image : mode rafale, HDR, modes « scènes », modes semi-automatiques (priorité ouverture ou vitesse), balance des blancs, etc. Un appareil photo est donc toujours aussi stupide depuis 1840, et même si les appareils actuels sont devenus des ordinateurs, fondamentalement la base est restée la même.

Les automatismes des appareils photo seront toujours moins bons qu’un photographe expérimenté qui aurait le temps de faire une mesure d’exposition au posemètre et une bonne loupe pour régler sa mise au point. Malheureusement, ces deux conditions sont rarement réunies.

99,9 % des automatismes électroniques et logiciels intégrés dans les appareils modernes ne font que calculer les paramètres de prise de vue optimaux sous certaines hypothèses standard dans les conditions de prise de vue détectées. Ils analysent la scène sur la base de cas d’utilisation pré-définis par les développeurs du logiciel interne de l’appareil (paysage, portrait, scène de nuit, portrait de groupe, etc.) et en dérivent les paramètres optimaux supposés satisfaire au moins 80 % des usages.

Une croyance, chez les puristes de la technique, voudrait que la « vraie » photo se pratique en mode manuel, parce que les automatismes, c’est pour les amateurs. Le problème, c’est qu’un photographe, même expérimenté, n’a pas toujours le temps de faire ses réglages manuels tranquillement. L’électronique est (mal)heureusement plus rapide et réactive pour choisir les réglages que n’importe quel humain, et vous n’y couperez pas si vous faites du reportage, particulièrement en photo de sport et animalière. En contrepartie, elle se plante parfois (si les hypothèses sur lesquelles elle se base pour analyser la scène ne sont pas validées). Utiliser un appareil photo en mode manuel ou en mode (semi-)automatique relève donc toujours du compromis entre le temps de réglage dont dispose le photographe et le degré de contrôle qu’il souhaite sur ses réglages. Exemples :

  • l’autofocus détecte les visages et tente de faire la mise au point sur eux. Si plusieurs visages sont présents à différentes distances de mise au point, ces visages ne pourront donc pas tous être nets, et l’autofocus va décider arbitrairement lesquels il va garder nets. Il est en pratique impossible de prédire lesquels seront nets ou non. C’est au photographe de forcer a mise au point au milieu du groupe et de fermer un peu plus son diaphragme pour avoir tout le monde net.
  • l’autofocus détecte le point le plus lumineux et/ou le plus contrasté de la scène et suppose qu’il est l’objet photographié. Il va donc faire la mise au point sur ce point. En portrait en basse lumière, si le sujet porte des bijoux brillants, la mise au point va être presque systématiquement faite sur le collier ou sur les boucles d’oreilles. C’est au photographe de forcer la mise au point sur les yeux.
  • le posemètre de l’appareil suppose que la moyenne des luminances d’une scène est une surface gris neutre avec 20 % de réflexivité (20 % de la lumière est réfléchie, 80 % est absorbée). Il va calculer l’exposition de sorte que ce gris neutre soit au centre de l’histogramme des luminances. Si plus de 50 % de votre scène est plus claire (high key : sujet blanc sur fond clair) ou plus sombre (low key : sujet noir sur fond sombre), la photo va être respectivement sous-exposée et sur-exposée. Le photographe devra alors utiliser la compensation d’exposition pour tenir compte de l’écart entre les hypothèses sur lesquels reposent les algorithmes de l’appareil photo (qui ne sont pas validées ici)  et la réalité.

Il est donc crucial de comprendre sur quelles hypothèses reposent les automatismes de l’appareil qu’on utilise pour pouvoir prédire les cas où il va être mis en défaut. Et de comprendre que, quel que soit le degré de perfectionnement de l’appareil photo, on en revient toujours aux 4 paramètres de prise de vue de base, donc tous les appareils photo fonctionnent de la même manière. Ce qui change, ce sont les étapes qu’on interface entre les réglages de base et l’utilisateur.

#Avant-propos bis : plus c’est simple, plus c’est compliqué

Il n’a jamais été si simple de faire de « bonnes photos » sans avoir fait d’école de photographie ou de cinéma. Appuyez sur le déclencheur et laissez la magie de l’électronique calculer les meilleurs réglages et faire le reste du travail pour vous.

Ça n’est pourtant pas l’impression que vous pourriez avoir en voyant l’évolution des modes d’emplois. Pour un réflex argentique “amateur haut de gamme” (prosumer), au début des années 1980, ce qu’il y avait à savoir était couvert en 40 pages de manuel et l’appareil se contrôlait par 2 bagues et un sélecteur rotatif. Pour un réflex numérique dans le même segment de marché, en 2014, on en est à 530 pages de manuel, et l’appareil se contrôle en 128 menus interactifs, 23 boutons et 3 sélecteurs rotatifs.

Cependant, on l’a dit juste au-dessus, la photographie n’est toujours faite que par 4 paramètres de prise de vue de base, les mêmes depuis 1840. Mais en 1840, il fallait être un peu chimiste et un peu opticien pour faire fonctionner ces énormes chambres noires, simples dans leur fabrication, mais complexes et chatouilleuses à manipuler. Alors, où est l’arnaque ?

En réalité, la simplicité n’existe pas. Disons que pour faire des appareils plus faciles à utiliser, on a dû les rendre plus compliqués, et que pour les rendre plus simples, on devrait abandonner une partie de leur facilité d’utilisation. Plus facile suppose qu’un automate fasse tout ou partie de travail pour vous, en venant s’interfacer entre l’utilisateur et les paramètres de prise de vue, et cet automate doit être contrôlé, piloté et pré-réglé d’une façon ou d’une autre. Donc pour chaque automate, vous gagnez un menu, et pour les automates les plus cruciaux, vous gagnez un bouton. Et vous perdez en simplicité au passage. Tout se paie. « Simple » n’est pas le synonyme de « facile », et inversement.

Dans les années 1980, faire de la photo supposait connaître un certains nombre d’aspects techniques pour utiliser convenablement l’appareil. Dans les années 2020, on peut s’en sortir plus ou moins sans technique (puisque l’ordinateur de l’appareil la connaît pour vous), mais ce sont les entrailles de l’appareil et de son logiciel interne qu’il faut connaître. On a donc résolu de problème de la formation utilisateur par… un autre problème de formation utilisateur.

Bref, la photographie est restée une discipline complexe et, même si vous n’aurez pas besoin de 15 ans de conservatoire pour y arriver, il va quand même falloir un peu de courage.

#Introduction : l’appareil ne fait pas le photographe

Au cours de ma pratique photographique, depuis en gros 2004, j’ai eu l’occasion d’utiliser plusieurs appareils très différents : argentiques, numériques, automatiques, entièrement manuels, micro &frac43;, APS, plein format (35 mm) et moyen format (6×7 cm). Je vous donne ici des échantillons d’image réalisées avec chacun de ces outils, nous les commenterons plus bas.

Minolta Dimage Z1 

Minolta Dimage Z1 : Bridge numérique sorti en 2003. Utilisé lors de 3 voyages entre 2005 et 2007. Échantillons :

Panasonic DMC FZ 28 

Panasonic DMC FZ 28 : Bridge numérique micro &frac43; sorti en 2008. Mon premier appareil photo à moi. Utilisé entre 2008 et 2014. Tout petit, léger, facile à emmener partout et doté d’un zoom 18×, il m’a accompagné de nombreuses années. Le principal défaut de cet appareil est le bruit numérique présent dès 200 ISO et insupportable à partir de 800 ISO qui rend la photo par temps sombre juste impossible. La faible plage dynamique du capteur induit aussi un contraste exagéré qui rend difficile la récupération de détails dans les ombres. Échantillons :

Nikon D5300 

Nikon D5300 : Réflex numérique APS-C sorti en 2013. Mon deuxième appareil et mon premier DSLR, utilisé depuis 2014. Une excellente qualité optique (avec des objectifs à focale fixe) et tous les avantages d’un réflex dans un petit facteur de forme (moins de 800 g). Si la montée en ISO est impeccable jusqu’à 800 ISO et très correcte jusqu’à 1600 ISO (avec le débruitage adéquat en post-traitement), le principal défaut de cet appareil est le manque de fiabilité de l’autofocus, principalement en basse lumière. Échantillons : 95 % des photos publiées sur ce site, dont :

Nikon FM
Nikon FM

Nikon FM : réflex argentique manuel 35 mmm sorti en 1979. Mon premier appareil argentique. Pas de surprise, c’est manuel, donc si la photo est manquée c’est de votre faute. Si elle est réussie aussi d’ailleurs. Utilisé depuis 2016.

Échantillons :

Pentax K1000
Pentax K1000 

Pentax K1000 : Réflex argentique manuel sorti en 1976. Utilisé une seule fois pour mon premier shoot argentique. Échantillons :

Nikon D810
Nikon D810 

Nikon D810 : réflex numérique 35 mm pro sorti en 2014 . Loué 3 jours pour un mariage en 2016. Le premier appareil professionnel que j’ai eu dans les mains. Tellement fiable et efficace que ce n’est même plus drôle : c’est presque trop facile de sortir des photos techniquement parfaites. Échantillons :

Mamiya RB 67 (c’est écrit dessus)

Mamiya RB 67 : moyen format professionnel (6×7 cm) sorti en 1970. Dernier venu de ma panoplie (et revendu après un an), dédié aux photographes de mode et portraitistes travaillant en studio, ce beau bébé de 5 kg (sans l’objectif) entièrement manuel ne se prête pas à la photo spontanée à main levée mais embarque une surface photosensible deux fois supérieure aux meilleurs moyen format numériques actuels et près de 5 fois supérieure au plein format (35 mm). Il en résulte des images très détaillées aux dégradés délicats, avec une signature visuelle assez caractéristique. L’image est à tomber par terre, mais par contre, l’expérience utilisateur est catastrophique (trop gros, trop lourd, trop lent, trop contraignant), et on a plus l’impression d’être servant de pièce d’artillerie que photographe.

Ayant utilisé toutes sortes d’appareils photos construits entre 1970 et 2013, mon expérience (personnelle) montre que :

  1. j’ai fait de bonnes photos avec tous ces appareils, même sans assistance électronique, et même si elles ne sont pas toutes d’une netteté à couper au couteau (en fait, le léger flou de l’argentique a même un intérêt visuel),
  2. les photos les plus nettes et détaillées ne sont pas automatiquement les plus intéressantes, et manquent parfois de caractère,
  3. zoomé à taille écran, la qualité d’image d’un appareil à l’autre ne varie pas du simple au quintuple. Le prix des appareils, lui, oui,
  4. le film n’a pas encore dit son dernier mot et se révèle plus intéressant que le numérique dans certains cas : pour le prix, pour la signature visuelle, pour le rendu général et la texture de l’image,
  5. l’appareil le plus cher et le plus efficace n’est pas le plus agréable et amusant à utiliser. En fait, c’est même l’inverse.
  6. le logiciel utilisé pour la retouche, et la qualité de ses algorithmes de traitement, sont largement plus important dans la qualité du résultat final que la qualité brute de l’image en sortie d’appareil photo.

Les appareils mécaniques, dépourvus d’assistance électronique (autofocus, mesure d’exposition, etc.), doivent être utilisés en sachant ce qu’on fait, et même là, un certain temps d’apprentissage/adaptation est nécessaire (préparez vous à gaspiller de la pellicule). Mais les appareils à assistance électronique ont aussi leurs limites, même quand vous les payez 3000 €, et il ne faut pas vous attendre à ce qu’ils marchent bien tout le temps sans y mettre un minimum d’effort. C’est particulièrement notable pour le posemètre, qui ne réagit pas pareil d’un appareil à l’autre, et qui peut poser problème en paysage avec ciel clair (typiquement, si vous avez ⅓ de ciel et ⅔ de terre dans le cadre, la mesure matricielle va plus ou moins sur-exposer le ciel et il va finir blanc solide. C’est à vous de trouver expérimentalement de combien l’appareil sur-expose, et régler la compensation d’exposition en conséquence). Dans tous les cas, les limites de l’appareil peuvent toujours être compensées par l’intelligence du photographe, mais encore faut-il comprendre ce qu’on fait.

La différence essentielle entre un D810 (3000 €) et un D5300 (700 €) est le facteur fiabilité : un D810 attrape le focus presque tout le temps, pour le D5300, c’est plus aléatoire. Le D5300 est donc l’appareil que j’ai tous les jours dans mon sac (petit et léger, et donne quand même de très bonnes images), le D810 est celui qui j’utilise quand il y a une attente de résultat.

#Évolution des appareils photos

Si les capteurs des appareils continuent d’être améliorés à chaque nouvelle génération, notamment par Fuji, Sony et Nikon, les différences de qualité d’image d’une génération à la suivante sont nettement moins flagrantes et impressionnantes qu’il y a 10 ou 15 ans. En 2019, on trouve encore des appareils photo vieux de 5 à 7 ans en tête des classements (Nikon D800 E et D810, Pentax 645Z). La crainte d’un nouvel acheteur d’appareil photo ne devrait donc plus se situer sur la qualité d’image.

Depuis 2015, la qualité d’image brute en sortie de capteur stagne. En même temps, on n’est pas loin du top.

Les progrès actuels viennent de la photographie computationnelle, c’est à dire des algorithmes de traitement d’image, qui permettent d’étendre considérablement les possibilités des appareils photos par l’informatique en corrigeant notamment les distorsions et le flou de l’optique, le bruit numérique, la plage dynamique, la colorimétrie, et en pratiquant la fusion de plusieurs images pour étendre la plage dynamique, le profondeur de champ, ou moyenner le bruit. Que ces algorithmes soient déjà présents dans les logiciels internes des appareils (ou des téléphones), ou dans les logiciels de traitement/retouche pour ordinateur, ils permettent de compenser la plupart des défauts qui restent aux capteurs d’une manière plus vraisemblable que jamais, et c’est véritablement là que la différence se fait actuellement.

En clair, ça veut dire que la première chose à vérifier, avant d’acheter un appareil photo numérique, c’est comment il est géré par votre logiciel de retouche/traitement (Lightroom, Capture One, darktable, etc.).

En parallèle, on assiste aussi à un gros travail de refonte de l’ergonomie et de l’expérience utilisateur, porté notamment par Sony, Fuji et Panasonic. On voit ainsi réapparaître des interfaces « simplifiées », à l’ancienne, avec plus de boutons physiques sur le corps de l’appareil, à l’inverse de l’approche Canon/Nikon qui abuse des menus et sous-menus à l’écran, nettement moins efficaces sur le terrain, et plus fastidieux quoi qu’il arrive. La profusion de boutons sur le boîtier peut intimider le néophyte, mais elle permet en fait d’avoir tous les réglages critiques immédiatement sous les doigts, y compris dans le noir (si vous faites des photos en représentation au théâtre, allumer l’écran dans la salle obscure pour faire vos réglages va faire de vous l’ennemi public N°1).

© DPreview. Fujifilm X-T2 et X-PRO 2 offrent pas moins de 5 roulettes dédiées, pour régler séparément temps d’exposition, compensation d’exposition, sensibilité (2 à 3 sur le dessus, une au pouce et une à l’index), plus la bague diaphragme sur l’objectif, dans des boîtiers à moins de 1200 €. Il faut mettre près de 2000 € chez Canon/Nikon pour avoir seulement 2 roulettes (pouce et index), et les bagues diaphragme sur les objectifs ont été supprimées depuis une quinzaine d’années pour réduire les coûts.

Fuji a notamment inventé le viseur télémétrique hybride (X-Pro 1 et 2), avec superposition d’informations électroniques dans le viseur optique, le meilleur des deux mondes pour les adeptes de la photo manuelle minimaliste, mais tout de même assistée par l’électronique. C’est une sorte de réalité augmentée où l’électronique peut par exemple mettre en surbrillance la zone de cadrage ou zoomer sur la zone de mise au point pour vous aider à faire vos réglages.

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Ce sont donc bien souvent les compétences en retouche et en développement qui vont faire la différence sur l’image finale, bien plus que la qualité optique de l’appareil brute. N’hésitez pas à vous doter d’ordinateurs performants avec carte graphique, et de logiciels avancés, et planifiez ces dépenses dans votre budget total.

#L’argentique n’est pas encore mort

Le numérique a supplanté en nombre d’utilisateurs l’argentique depuis les années 2000. La fausse raison, c’est que le numérique serait moins cher à l’usage. La vraie raison est que le traitement d’une photo numérique est plus rapide et plus souple à l’usage que celui d’une photo argentique, surtout dans un contexte de réseaux sociaux où l’image voyage à la vitesse de l’information digitale.

La croyance selon laquelle le numérique aurait un coût de revient inférieur à celui de l’argentique vient surtout du fait que le numérique se paie (en apparence) une seule fois à l’achat, alors que l’argentique engendre des frais réguliers en consommable. Pas besoin de faire développer ses films, donc a priori c’est moins cher, surtout qu’on n’a pas besoin de faire développer aussi ses mauvaises photos. Or j’ai calculé dans cet article que, en considérant tout l’équipement et les dépenses cachées requis par le numérique (ordinateur, écran photo, logiciels de retouche, disques durs et cartes graphiques pour des traitements toujours plus lourds) et la durée de vie inférieure des appareils photo numériques (2 à 10 ans) par rapport à leurs cousins à pellicule (presque toute une vie), le prix d’une photo argentique est sensiblement le même voire légèrement inférieur à celui d’une photo numérique (incluant le développement).

Par exemple, si je prend mon Nikon D5300 (900 €) avec Photoshop (120 € / an), sur 5 ans, le coût de revient est de 1500 €. En revanche, si je prends le Nikon FM (70-90 € d’occasion), avec un très bon scanner de films 35 mm (300 €) et le logiciel de numérisation professionnel Silver Fast SE Plus (80 €), j’arrive à 450 €, soit ⅓ du budget total numérique et 56 % du prix d’un boîtier numérique. Le prix total du rouleau de pellicule 36 poses N&B étant de 14 € (achat + développement), avec les 1000 € économisés sur 5 ans, je peux acheter et développer 71 rouleaux soit 2556 photos, soit 511 photos par an.

Suivant l’usage et le niveau du photographe, l’argentique peut revenir moins cher que le numérique.

En moyen format, un appareil de type Mamiya RB67 se trouve aujourd’hui au prix d’un réflex d’entrée de gamme (250 à 400 € contre 29 000 € pour son équivalent numérique - boîtier nu) et se scanne facilement à 16 mégapixels effectifs (66 mégapixels réels) avec des scanners d'entrée de gamme (moins de 250 €). Pour mémoire, les écrans 4 K et UHD n’affichent que 8.3 à 8.8 mégapixels, et 16 mégapixels permettent un tirage professionnel de 36×31 cm.  En laboratoire, sur les scanners professionnels, le moyen format peut se scanner à 66 mégapixels effectifs sans problème. Cet appareil entièrement modulaire (comprendre : entièrement démontable) est donc facile à réparer et à faire évoluer. En moyen format, l’option argentique coûte 25 000 € à 40 000 € de moins que la numérique, soit le coût HT d'achat + développement + numérisation HD de 966 à 1545 rouleaux de film, soit environ 10 000 à 18 000 photos.

Nombreux sont les jeunes photographes amateurs chevronnés ou professionnels qui, ayant commencé la photo à l’ère numérique (après 2002/2004) sont passés à l’argentique en partie ou en totalité dans les années 2010. Soit pour l’aspect des images, mais aussi pour la façon différente d’appréhender l’image : plus lente, plus réfléchie, plus parcimonieuse, plus organique, plus artisanale, moins compulsive. L’argentique est une excellente école, pour les photographes débutants, qui permet de mieux apprécier toute la souplesse du numérique, qu’on a tendance à prendre pour acquise.

Argentique ou numérique, au format 35 mm, la différence porte donc uniquement sur l’expérience d’utilisation. En terme de résultat visuel brut, on peut à présent s’arranger pour avoir de l’argentique qui ressemble à du numérique, et du numérique qui simule de l’argentique, à condition d’utiliser les bons logiciels. Steve Yedlin (directeur de la photographie sur Star Wars - Les derniers Jedi) a régulièrement recourt à la fois à des caméras argentiques et numériques sur ses films, sans que la transitions ne soient visibles (mais il a développé son propre logiciel pour ça).

Pour le moyen format, cependant, l’argentique est la seule option réaliste pour ceux qui ne peuvent pas dépenser le prix d’une petite maison ou d’une grosse voiture dans un appareil photo.

#Tour d’horizon des appareils photo

#Les “point and shoot” ou compacts

Appareils à objectif fixe, ils se divisent en deux catégories : les compacts (à gauche, un Canon Powershot) et les bridges (à droite un Panasonic Lumix). Les compacts se veulent simples et facile à utiliser, riches en automatismes et en fonctions récréatives (filtres, etc.). En retour, ils ne permettent que peu de contrôle manuels et laissent peu de liberté à l’utilisateur. Ce sont les appareils de ceux qui veulent “juste des photos”, sans avoir à se soucier de la technique et sans véritable but artistique. Recommandés pour vos photos de vacances et vos repas de famille, mais pas d’avantage, et clairement supplantés par les smartphones depuis 10 ans.

Les bridges quant à eux font le pont avec les réflexs, embarquent des zooms plus conséquents et stabilisés, et offrent souvent plus de contrôle à l’utilisateur : format d’image RAW, exposition manuelle, etc. Tous ont cependant un même défaut, qui fait leur prix abordable : un capteur de petite taille, donc peu sensible à la lumière et à la couleur. Couplé à des optiques de qualité médiocre à correcte, on s’oriente vers de la photo souvenir. Cependant, depuis 2014-2015, on a vu apparaître des compacts « experts » qui embarquent les fonctionnalités des appareils pro, de bonnes optiques et des capteurs plus gros, dans une ergonomie (presque) similaire, au prix de moins de modularité par rapport aux réflexs experts (on perd souvent les objectifs interchangeables).

Chez les photographes pros, il n’est pas rare que certains utilisent des compacts comme appareil “de tous les jours” qu’ils vont traîner au fond de leur poche en permanence pour être sûr de ne manquer aucune photo. Cependant, il connaissent leur limites.

#Les télémétriques

Appareils à objectifs interchangeables, dont les plus célèbres sont les Leica M (à gauche), où la visée se fait par un viseur optique séparé de l’objectif et la mise au point par un système de collimation double. Leur avantage est d’être petits pour une qualité d’image excellente, et notoirement silencieux donc particulièrement adaptés à la photo de rue qui demande de la discrétion. Cependant, la visée se faisant à l’extérieur de l’objectif, suivant la focale utilisée le cadrage vu dans le viseur ne sera pas le même que celui de l’image réalisée et il faudra alors corriger la parallaxe en fonction de la focale de l’objectif. L’utilisation d’un télémétrique demande une certaine habitude. Appareils fétiches de Cartier-Bresson, Capa, Doisneau etc., ils sont entrés dans la légende à cause de leurs utilisateurs renommés. Si leur ratio encombrement/qualité est excellent, la mise au point est toujours manuelle ce qui les destine à un usage réfléchi et maîtrisé. En pellicule ou en capteur, leur format standard est 24x35 mm.

#Les moyens formats

Qu’il s’appelle Rolleiflex, Hasselblad, Pentax, Mamiya etc. le moyen format se distingue par la taille de sa pellicule ou de son capteur : de l’ordre 6x6 cm en argentique, et de 5×4 cm en numérique huaut de gamme, soit une image vraiment très définie, avec une haute sensibilité à la lumière et à la couleur. La visée se faisait originalement sur un verre dépoli par le dessus de l’appareil (visée de poitrine - à gauche), sur des boîtiers à objectifs fixes. Aujourd’hui à objectifs interchangeables et équipés de dos numériques ou argentiques (à droite), ils permettent toujours de larges agrandissements. Leur avantage est l’extraordinaire qualité d’image qu’ils permettent, avec une netteté remarquable couplée à des transitions de tons très délicates. Ils sont dédiés à ceux qui veulent une qualité sans compromis. Cependant, gros, lourds, dotés d’autofocus lents, de sensibilités relativement basses et surtout très chers (plusieurs dizaines de milliers d’euros), ils sont utilisés principalement en studio dans le milieu de la mode et du luxe.

#Les grands formats

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Devenus anecdotiques mais toujours utilisés en photo d’art, les appareils grands format (chambres noires) n’ont pas disparu pour autant, tout simplement parce que leur qualité d’image reste inégalée mais que leur utilisation exempte de tout automatisme les met hors de portée de photographes non qualifiés. En effet, ils utilisent des films ou des plaques de 10x12 cm jusqu’à 20x25 cm (voire plus sur des fabrications spéciales), pour des images hallucinantes de précision et de détails, particulièrement adaptées aux tirages grand format sans grain et au tirages contact (sans agrandissement). Ils permettent un contrôle très fin de l’image, de la perspective (par décentrement et rotation de l’objectif - le tilt-shift est nativement intégré) et de la profondeur de champ. Ils sont malheureusement lourds (minimum 5 kg), encombrants, longs à mettre en œuvre (imposent l’utilisation d’un trépied lourd et robuste) et coûteux à l’usage (en moyenne 4 €/image sur du 10x12 cm, 9 à 15 €/image en 20x25 cm, hors frais de développement). Ces appareils sont toujours fabriqués, notamment par Arca-Swiss (ci-dessus un format 20x25 cm moderne) ou Linhof, et s’achètent neufs entre 5000 et 10 000 €. Les pellicules qui vont dedans sont également toujours en vente, le problème étant aujourd’hui de trouver un tireur pour les développer. Ceci étant, le public cible de genre de matériel préférera la plupart du temps assurer le développement lui-même. Ces appareils font des merveilles en photo de paysage, d’architecture et en portrait. Ils étaient utilisés notamment pour les photos de mode des magazines Vogue par des photographes comme Horst ou Avedon. Exemples :

#Les réflexs

Les réflexs tirent leur nom de leur système de visée via l’objectif par un système de miroir et de pentaprisme. Ils sont facilement reconnaissables à leur bosse, située sur le dessus du boîtier (en face du viseur), qui contient le prisme de visée. Ce prisme est leur principale faiblesse puisqu’il n’est pas miniaturisable mais aussi leur force puisqu’il permet de faire le cadrage et la mise au point en visant à travers l’objectif. Leur popularité vient de leur viseur « What You See Is What You Get », plus pratique que le viseur des télémétriques, associé à leur encombrement raisonnable, plus pratique que les Rolleiflex, et au format économique de la pellicule 35 mm. Leur polyvalence en a fait le standard des professionnels et des amateurs depuis 40 ans, et on en trouve à tous les prix pour tous les usages. Il existe deux tailles standard de capteur pour les réflexs numérique : le plein format (24x32 mm), exactement similaire aux pellicules argentiques (vous noterez que le “plein format” est quatre fois plus petit que le “moyen format”, la dénomination est trompeuse), ou le APS C ou H (25X16,7 mm), moins cher mais moins performant en basse lumière.

#Les “mirrorless” ou hybrides à objectifs interchangeables ou compacts à objectifs interchangeables (COI)

Les mirorless numériques ont tout du réflex, à une exception près : ils sont dépourvus de viseur optique. En effet, la visée optique prend de la place dans le boîtier car elle nécesite un miroir, un prisme et un dégagement optique pour laisser passer la lumière. En les supprimant, on économise en encombrement et en poids. La visée se fait alors de façon entièrement numérique via le capteur, par l’écran arrière ou par l’écran du viseur. Classe d’appareils photo apparue dans les années 2009-2010, les premiers modèles étaient initialement dotés de capteur micro &frac43; de petite taille. Aujourd’hui, la norme est plutôt au format APS et au plein format 35 mm. Des moyen format mirorless ont même été introduits par Hasselblad et Fujifilm en 2016. On obtient alors des performances optiques similaires aux réflexs,  dans un boîtier plus petit et plus léger mais plus consommateur de batterie qu’un réflex car l’écran doit être allumé en permanence. De plus on leur reproche aussi leur autofocus beaucoup plus lent que sur les réflexs qui les destine plutôt au portrait ou à la photo de rue, mais moins au reportage et au sport. Leur miniaturisation engendre aussi un surcoût par rapport aux réflexs, à performances égales. Beaucoup de photographes (pros) de rue ou de studio sont en train de migrer du réflex au mirrorless (soit vers les Fuji X soit vers les Olympus OM-D), car ceux-ci sont plus petits, plus faciles à emporter partout et donc plus “fun” à l’usage, surtout que leur ergonomie à l’ancienne (boutons d’exposition et d’ouverture) les rapproche d’une expérience photo plus brute et plus proche de l’argentique.

#Le meilleur appareil pour vous

Chaque classe d’appareils a ses spécialités, ses forces et ses faiblesses. La meilleure qualité d’image provient des appareils les plus gros, car une surface photosensible plus large (capteur ou pellicule) signifie plus de détails, plus de finesse dans les transitions tonales, un bokeh plus progressif et surtout plus de lumière capturée. Mais un gros appareil n’est pas toujours possible ni souhaitable : en voyage, quand vous souhaitez vous faire discret, ou simplement pour protéger votre dos ou ne pas vous encombrer. Il faut lors faire un compromis sur les qualités optiques au profit de l’utilisabilité.

Soyons clair : comme tout client, vous voulez une qualité au top pour une facilité d’utilisation au top, un poids plume et un prix dérisoire. Ça ne marche pas comme ça. Le meilleur appareil photo pour un photographe de studio n’est pas le meilleur pour un reporter de guerre, le meilleur pour un paysagiste n’est pas celui pour un photographe de rue. Et dans la même discipline, d’un photographe à l’autre, suivant les styles de prise de vue, le meilleur appareil photo ne sera pas le même. Lorsque vous regardez les tests d’appareils photo réalisés par la presse généraliste (et même spécialisée), les testeurs classent les appareils indifférement de leur spécialité ou de leur segment cible et trompent le lecteur en suggérant qu’un appareil photo devrait être ausi bon en paysage, portrait, photo de nuit, etc.

J’ai 5 appareils photo : les 4 ci-dessus et celui qui a servi à prendre la photo. L’appareil que j’ai tous les jours dans mon sac n’est pas celui que j’utilise en mariage, ni celui que j’utilise en portrait posé. Le bon outil pour le bon usage. Commencez par vous demander quel genre de photos vous voulez faire en priorité : à partir de cet usage vous déterminerez les fonctionnalités qui vous seront primordiales, puis puis celles qui vous seront utiles, puis celles dont vous pourrez vous passer. Dans l’absolu, il est possible de faire n’importe quel type de photos avec n’importe quel type d’appareil : tout ce dont vous avez vraiment besoin est un moyen de faire la mise au point, de régler le temps d’exposition, l’ouverture du diaphragme et la sensibilité. Mais certains appareils vont vous simplifier la tâche dans certaines conditions.

Ensuite, il y a l’ergonomie. Chaque marque d’appareils photo a une logique d’utilisation propre, une certaine organisation des boutons, des menus, une ergonomie particulière. À titre personnel, l’ergonomie des Canon me sort par le nez et je préfère les Nikon. Pour beaucoup de gens (surtout les débutants), c’est l’inverse. De même, bien qu’ayant des petites mains, je préfère les appareils assez gros avec une poignée bien creusée qu’on peut tenir à pleine main sans crisper les doigts (et j’habite au Canada, donc j’utilise mes appareils avec des gants 4 mois par an). D’autres personnes préfèreront un appareil petit qui tient dans la poche.

Enfin, j’ai plus de fun avec des appareils argentiques qu’avec des numériques. Le numérique est rapide, instinctif, efficace, net. L’argentique est lent, réfléchi, artisanal, texturé. Chacun son niveau, chacun ses goûts, chacun ses priorités, chacun son budget.

Il n’y a pas d’appareil meilleur qu’un autre de façon absolue. Il faut prendre des distances avec les tests « d’experts » qui ne photographient que des scènes de test en laboratoire. Il y a des appareils qui satisfont mieux vos besoins personnels que d’autres.

#Boîtier pro ou amateur ?

Il existe une confusion autour du concept de « pro » dont l’usage galvaudé désigne tour à tour des compétences sérieuses, une activité lucrative, ou une exigence de fiabilité et de qualité vis à vis du matériel… Il faut d’abord préciser que tous les usages pros ne se valent pas et que le pro du mariage n’a pas les mêmes besoins que le pro de la compétition hippique. Le point commun de tous les pros est qu’ils attendent un résultat et qu’ils ont donc besoin de fiabilité.

Mais cette fiabilité est autant la responsabilité de l’appareil que celle du photographe, et le seul vrai pro est derrière l’appareil. La classification marketing « pro » ou « amateur » n’est donc rien d’autre qu’une aura que le constructeur donne à son appareil, et l’utilisateur final devrait y être totalement insensible. C’est votre usage et vos conditions d’utilisation qui doivent décider de l’appareil.

Les appareils dits “amateur” d’aujourd’hui récupérent les fonctionnalités des appareils professionnels d’hier, ce qui fait que le bas de gamme d’ajourd’hui tutoie le haut de gamme d’hier. Mais la séparation des gammes est purement subjective et relève du marketing, c’est pourquoi on n’y accordera aucune importance. Concernant l’évaluation des appareils photos, les laboratoires (français) DXO font figure de référence, en soumettant tous les objectifs et tous les boîtiers à des essais et mesures rigoureux et impartiaux, publiés sur le site DXOMark.com. S’il ne faut pas exagérer le résultat des ces tests pour préjuger du potentiel artistique du matériel photographique actuel, ils permettent néanmoins de fournir un étalon fiable et objectif pour comparer les différents appareils entre eux, bien plus que les différents tests de pseudo experts des revues photo. Et que nous apprennent ces résultats ?  (Source : DXO - date : 4 octobre 2016).

  1. sur le plan purement optique, les meilleurs capteurs sont ceux des boîtiers Nikon et Sony, qui sont en réalité tous fabriqués par Sony : 23 appareils sur le top 30,
  2. dans le top 30, deux sont des APS-C estampillés « amateur-expert », le reste étant des plein format ou des moyen format,
  3. 11 appareils du top 30 sont sortis avant 2013,
  4. les plein-format les plus chers (> 5000 €), sont respectivement 18e, 20e, 22e, 23e et 25e.
  5. la plus basse note (optique donc) du top 30 est à 87⁄100,
  6. les APS-C « amateur - moyen de gamme » Nikon, Sony et Samsung obtiennent des notes de 87⁄100 à 83⁄100 (Nikon D7200, D7100, D5200, D5300, D5500, Samsung NX1, NX500, Sony A6300) qui les classent dans le top 43,
  7. … devant le Nikon D3 S, prédécesseur du D4 chez les pros (2009 - 5500$), à 82⁄100 et les Leica Q et M à 85 et 84⁄100 (4250$ et 6950$)

Avertissement : Les notes données par DXO représentent la combinaison de plusieurs paramètres. Ce mode de classement va favoriser des appareils homogènes (montée en ISO, profondeur de couleur, plage dynamique) et défavoriser des appareils aux performances très spécifiques : par exemple le fait que le Phase One IQ 180 soit seulement à 91⁄100 vient du fait que sa montée en ISO est assez médiocre (900 ISO à 30 dB de SNR) et sa plage dynamique un peu en retrait pour l’époque (“seulement” 13.6 EV à 100 ISO), ce qui ne pose pas de problème réel car ce type d’appareil moyen format est dédié à un usage en studio où la sensibilité utilisée ne dépasse presque jamais 400 ISO et où la plage dynamique utilisée dépasse rarement 6EV. Dans ce contexte, sa profondeur de couleur (26.5 bits) le classe premier. Ce banc d’essai ne tient pas compte non plus des fonctionnalités, de la réactivité, de l’autofocus ou de l’autonomie de l’appareil et élimine les appareils Fujifilms dont la technolgie de capteur exotique est incompatible avec les bancs d’essais DXO.

Moralité :

  1. Les capteurs des boîtiers amateurs récents (2012-2016) sont meilleurs que ceux des boîtiers pro sortis en 2009-2010.
  2. Les capteurs des boîtiers amateurs sont immédiatement derrière les boîtiers semi-pro et pro, bien que 5 à 8 fois moins chers.
  3. Canon est à la traîne, et classe seulement 3 boîtiers dans le top 30 (14e, 23e, 28e)
  4. Les boîtiers amateurs font potentiellement d’aussi belles photos que les pro.
  5. La qualité optique des meilleurs capteurs numériques a égalé la pellicule argentique.

La qualité de l’image dépend de la qualité optique de l’objectif utilisé et du capteur. Mais en 2020, la qualité des capteurs récents est identique ou très comparable, dans des conditions courantes (photo de jour, portrait et paysage), quelle que soit l’étiquette “pro”, “amateur”, ou “amateur expert”. Voir ce test, qui compare les mêmes photos réalisées avec le Nikon D3300 (450 €) et le D810 (3000 €).  Les différences de rendu d’image sont imperceptibles dans la plupart des cas. Les différences se creusent dans des conditions particulières et spécialisées : en basse lumière (événement de nuit, scène de spectacle/concert), en photo de sujet mouvant (athlétisme, sports automobiles) ou en fort contraste (paysage ou portrait en contre-jour).

Si la qualité d’image reste comparable entre 400 € et 5000 €, la différence se fait alors sur les fonctionnalités du boîtier : solidité, étanchéité, fiabilité, rapidité, accès direct aux réglages, assistances et automatismes, niveau de précision des réglages. Un appareil pro va par exemple bénéficier :

  • d’un horizon artificiel (utile en paysage pour avoir la ligne d’horizon vraiment horizontale),
  • d’un bouton de prévisualisation de la profondeur de champ (utile pour valider que tout le monde est net avec le réglage de diaphragme choisi),
  • d’une option de micro-ajustement de l’autofocus (plus besoin de renvoyer un objectif déréglé au SAV, il suffit d’entrer une correction dans le logiciel de l’appareil),
  • d’un débrayage complet de tous les automatismes (vous décidez lesquels vous souhaitez utiliser et vous pouvez limiter leur champ d’application),
  • d’une synchronisation flash haute vitesse (utile en portrait en contre-jour, lorsque vous voulez éclipser le soleil avec un flash : les appareils amateurs sont limités à 1/200e s.)
  • d’une seconde carte mémoire, permettant d’avoir vos photos en deux exemplaires en cas de corruption d’une des deux cartes (si ça ne vous est jamais arrivé, shootez plus),
  • d’une tropicalisation (étanchéité améliorée à la vapeur et à la poussière),
  • etc.

Si vous ne comprenez pas ces fonctionnaltés, c’est que vous n’en avez pas besoin. Ce sont des gadgets dont on peut se passer, mais qui peuvent aussi vous simplifier considérablement la vie.

#Critères de choix

#L’autofocus

Le D4 S, le D7100 et le D800, sont équipés du même autofocus continu à 51 collimateurs, alors que le D5300, le D750 et le D610 n’en ont que 39. Sauf que ceci ne veut rien dire en tant que tel. En effet, il faut voir quelle est la portion d’image couverte par ces collimateurs (en général moins de 75 %), ce qui signifie que dans tous les cas l’autofocus est incapable de faire la mise au point sur un sujet situé au bord de l’image. De plus, il faut voir aussi combien de ces collimateurs sont en croix (en général, seulement les 5 au centre) car ceux-ci sont beaucoup plus précis, et qu’on aura intérêt à utiliser seulement ceux-ci (en faisant la mise au point avec le sujet au centre de l’image puis en recadrant avant de déclencher). Donc en pratique, on n’utilise guère que les collimateurs centraux, ce qui fait qu’un nombre étourdissant de collimateurs relève plus du marketing que d’un réel avantage pratique. Le vrai paramètre critique est la rapidité de l’autofocus, qui dépend de différents paramètres, comme la puissance du processeur interne, le moteur d’autofocus et l’objectif utilisé. Une autre différence est la capacité à faire la mise au point sur des sujets moins éclairés que la scène générale : les appareils pro et amateurs expert parviennent à faire la mise au point jusqu’à -4 EV (écart de luminosité entre le sujet et l’arrière-plan) alors que dans les gammes amateurs, on ne dépasse pas -2 EV. Pour compenser cette limites, tous les boîtiers Nikon disposent d’une lampe d’assistance AF, mais ce n’est pas systématique chez Canon, par exemple.

#L’électronique

En général, tous les appareils d’un même constructeurs sortis la même année utilisent le même processeur, peu importe leur cible marketing. Ainsi, le D4 S, le D5300, le D750, le D610 et le D810 (sortis entre 2014 et 2015) utilisent tous le processeur Expeed 4. Pas de différence de ce côté là. En revanche, la taille et la vitesse du buffer peuvent changer drastiquement l’usage de l’apareil photo. Le buffer est une mémoire tampon, beaucoup plus rapide que la carte mémoire, qui sert à stocker les images (par exemple, lorsqu’on prend une rafale) en attendant de les vider dans la carte mémoire. Ainsi, le D4 S peut capturer des rafales de 11 images/s en continu, alors que le D5300 peut seulement prendre 5 images/s et doit s’interrompre 2 sec une fois que le buffer est plein, avant de shooter la rafale suivante. Précisons que le D5300 a une résolution de 24 Mpx alors que D4 S a “seulement” 16 Mpx. À méditer avant de se lancer dans la photo de sport…

#Le viseur

Il faut bien admettre, surtout quand on a goûté aux viseurs ultra-larges des vieux réflex argentiques, que les viseurs des appareils amateurs (surtout au format APS) sont petits, et disposent d’un faible grossissement. De plus, il couvrent seulement 85 à 95 % du champ optique, ce qui signifie que le cadrage vu est plus petit que le cadrage de l’image réelle. Cela peut poser de vrais problèmes pour faire la mise au point à la main (sur de vieux objectifs par exemple). Cet obstacle peut être contourné en utilisant la visée écran, mais au prix d’une décharge de la batterie beaucoup plus rapide et d’un ralentissement de l’appareil. A contrario, les appareils pro (plein-format) offrent généralement une couverture viseur de 100 % plus confortable et plus clair, avec des prismes et des verres de visée de meilleure qualité.

#Les contrôles

L’utilisation pratique d’un appareil photo n’a rien à voir avec son capteur. Le professionnel se doit d’être réactif, notamment dans un contexte de reportage. L’amateur, moins. En terme d’ergonomie, les boîtiers pro ont plus d’options et ces options sont généralement accessibles directement sur le boîtier, via des boutons, ce qui permet de manipuler l’appareil rapidement et à l’aveugle en gardant l’oeil dans le viseur. Sur le boîtier amateur, on devra fouiller des menus et sous-menus via l’écran de l’appareil, ce qui est moins efficace mais plus convivial quand on n’y connaît rien. De plus, le boîtier amateur étant plus petit, cela laisse moins de place pour des boutons. Le boîtier pro possède d’avantage d’options et de contrôles, comme la synchronisation flash haute vitesse, la commande de flash sans fil avec synchro TTL, des modules wifi et GPS, des moteurs autofocus sur le boîtier (pour bénéficier de l’autofocus sur de vieux objectifs non motorisés), un viseur plus lumineux de 100 % (utile pour la mise au point manuelle), un bouton de prévisualisation de la profondeur de champ, un autofocus ultra-rapide, etc. Beaucoup de gadgets pas nécessairement utiles pour tout le monde mais de nature à simplifier la vie de quelqu’un qui shoote beaucoup.

#La coquille

L'entrée de gamme comparée au super pro de Nikon - © Camerasize
L’entrée de gamme comparée au super pro de Nikon à la même échelle. Ça ne fait pas le même effet dans un sac à dos, en fin de journée. - © Camerasize

En terme de conception, les boîtier pros sont quasiment tous équipés d’un châssis en magnésium, relativement léger, beaucoup plus robuste que les châssis plastiques des amateurs (quoique de plus en plus de boîtiers soient en composites), mais également très coûteux. Ils sont de plus tropicalisés, c’est à dire étanches à la poussière et à la vapeur d’eau, pour une utilisation “tous temps” exigeante. Leur batteries ont souvent une meilleure autonomie, mais sont donc plus grosses et plus lourdes. Si un boîtier amateur pèse moins de 650 g, un boîtier pro approche le kilogramme (sans objectif), avec un encombrement plus conséquent qui vous fera hésiter à l’emmener en voyage à moins d’être vraiment passionné.

Les mêmes vus de dos - © Camerasize
Les mêmes vus de dos. On parlait de boutons… - © Camerasize

#Comment choisir ?

Pour vous aider dans un choix rationnel, on peut donc identifier quelques critères à vérifier successivement :

  1. votre budget, en sachant que  mieux vaut économiser sur le boîtier que sur les objectifs, et que le logiciel et l’informatique doit rentrer en compte (ce sont les frais cachés de la photo),
  2. votre niveau en photo et votre maîtrise technique, actuels et futurs, qui vont conditionner le niveau de contrôle souhaité sur l’appareil  : à quel point vous acceptez de déléguer la technique à l’appareil ?
  3. votre usage, qui va conditionner les caractéristiques techniques de l’appareil :
    1. rue ou studio ? (conditionne le poids du boîtier, son encombrement, la tropicalisation) *
    2. en lumière normale ou faible ? (conditionne l’ISO max exploitable du capteur)
    3. en lumière naturelle ou en strobisme, avec plusieurs flashs ? (conditionne la capacité à utiliser le flash intégré de l’appareil pour commander des flashs esclaves, et la synchronisation flash haute vitesse)
    4. en photo de portrait ou en photo sportive ? (conditionne la rapidité des rafales,  la vitesse de l’autofocus, la rapidité d’accès des réglages de l’appareil via les boutons ou via les menus)
    5. seulement pour la photo ou un peu (beaucoup) pour la vidéo ? (conditionne le nombre d’image par seconde en mode vidéo, la présence et la performance de l’autofocus continu, etc.)
    6. pour quelques heures ou pour toute la journée (condition la capacité  de la batterie, la possibilité d’ajout de poignée externe, etc.)
  4. la prise en main de l’appareil : suivant la taille de vos mains ou la taille et le poids des objectifs que vous utilisez, vous pourrez préférer des appareils petits ou gros, avec une poignée plus ou moins creusée. Attention aux appareils petits et léger avec de gros objectifs, cela peut déséquilibrer le port et fatiguer les bras et le dos assez vite.
  5. la marque préférée de vos amis : un petit détail, mais si tous vos amis sont Canon, choisir un Canon permettra les échanges/revente de matériel, d’accessoires et surtout de bons conseils.
  •  : l’encombrement du boîter n’est pas à négliger quand on sait que de plus en plus de professionnels s’équipent d’hybrides à objectif interchangeables pour leurs loisirs et voyages (surtout chez les plus de 40 ans…), afin d’avoir à éviter de transporter leur monstre partout. De plus pour certaines applications, comme la photo de rue, il est préférable d’opter pour un boîtier discret afin d’éviter l’effet paparazzi.

Privilégiez l’ergonomie et le confort d’utilisation ! Le confort et le plaisir d’utilisation sont complètement séparés des performances techniques. Il peut y avoir une satisfaction à utiliser un appareil photo lent, inefficace, juste parce que l’expérience d’utilisation influe sur les images réalisées. Après avoir testé un Leica M10, j’ai compris pourquoi certains sont près à payer deux fois le prix d’un bon Nikon pour des performances techniques inférieures : l’ergonomie du Leica se concentre juste sur l’essentiel (ISO, vitesse, ouverture), évite les menus, et donne une expérience photographique minimaliste et très relaxante, à la différence de la plupart des appareils photos modernes dont l’expérience est informatique et électronique.

Et c’est ici que les données techniques, la course aux mégapixels, la netteté, etc. s’arrête. La photo n’est pas juste un résultat, c’est un processus de fabrication qu’il faut savoir apprécier. Et dans ce processus, l’outil et la façon de l’utiliser jouent un rôle crucial, impossibles à quantifier et exclusivement personnels. De nombreux photographes utilisent toujours de vieux appareils des années 1970-1980 parce qu’ils leurs suffisent et qu’ils aiment travailler comme ça. Fuji et Olympus se sont d’ailleurs remis à fabriquer des appareils numériques à l’ergonomie similaires à ces argentiques et rencontrent un franc succès. J’utilise moi-même un Nikon FM de 1978-80 avec plus de plaisir que mes numériques, et je l’utiliserais davantage si la pellicule était moins chère.

Le meilleur appareil photo est celui avec lequel vous êtes à l’aise. Et le nombre de pixels n’a aucun impact dans cette histoire. Si possible, allez essayer des appareils photos en magasins ou louez les pour le week end. Vous vous en ferez une idée bien plus personnelle qu’en lisant des tests et comparatifs qui ne comparent rien.

#Et les objectifs ?

Pour les objectifs, il y a deux écoles :

  • les partisans des zooms (focales variables),
  • les partisans des focales fixes.

En terme de qualité d’image seulement, les focales fixes permettent les images les plus qualitatives, à la fois en terme d’aberrations chromatiques, de vignettage, de perte de luminosité dans l’objectif, mais aussi des grandes ouvertures et des photos plus nettes. Un objectif à focale fixe est généralement bien plus léger qu’un zoom.

Mais… il faut plusieurs focales fixes pour couvrir la même plage qu’un zoom. Ce qui suppose se promener avec plusieurs objectifs, les changer souvent, etc. Pour de la photo sur le vif, animalière, sportive ou en reportage, un zoom sera souvent plus confortable à l’usage. En dehors de ces usages, vous pouvez simplement « zoomer avec vos pieds », en ajustant la distance sujet-photographe pour cadrer. Car les zooms, même mauvais, restent plus chers, plus gros, plus lourds.

Zoom ou focale fixe, c’est vraiment une question d’approche et de pratique, donc de préférence personnelle, mais l’un ou l’autre entraîne des conséquences à prendre en compte dans le compromis.

Enfin, il existe une folie furieuse à propos des objectifs à grande ouverture (f/1.4, voire f/0.9). Laissez moi vous dire que c’est très surfait. Plus les objectifs ouvrent large, plus les lentilles doivent avoir un grand diamètre, ce qui fait qu’ils sont lourd, gros, et très chers. De plus, assurer un minimum d’aberrations chromatique sur de grosse lentilles est compliqué, donc encore plus cher. Tout ça pour quoi ?

Un objectif utilisé à son ouverture maximale est pratiquement inutilisable. Il est très rare que je shoote à plus que F/2.8, pour la simple et bonne raison que la profondeur de champ est beaucoup trop courte, que la moindre erreur de focus ne pardonne pas, et que, ce qui est plus grave, tout est tellement flou qu’on perd le contexte de la photo.

La prise de vue à moins que f/2 doit être considérée comme un effet spécial, cherchant un flou d’arrière plan exacerbé à des fins esthétiques, mais il ne s’agit pas d’un usage standard et ça ne justifie pas, en soi, le besoin d’avoir des objectifs avec ouvertures déraisonnables. Chercher des objectifs qui ouvrent à F/1.4 pour « gagner un diaph en basse lumière » revient seulement à transformer vos photos de nuit en photo de flou : vous ne gagnez strictement rien, vous changez le caractère de la photo.

Qu’on soit bien d’accord : vous avez le droit d’être une bokeh-slut, mais tout ce qui se passe sous F/2 doit être le résultat d’un choix esthétique, et pas un réglage générique destiné à s’adapter à la luminosité. En pratique, je vois assez peu l’intérêt des objectifs qui ouvrent à plus que f/1.8, à part à faire plaisir à Instagram avec des photos de bokeh, mais ça c’est moi.

#Rapports qualité-prix

Cette section présente une analyse de prix automatisée (prix pratiqués par le magasin B&H Photo à New-York) en corrélation avec les performances optiques (notes attribuées par les laboratoires DXO). Elle a pour but de comparer la seule chose comparable : des mesures de performances optiques. Cette analyse ne prend pas en compte les performances de l’autofocus, l’ergonomie ainsi que les fonctionnalités du boîtier, de même que son poids, sa taille, son autonomie et la disponibilité des objectifs comparables et ne préjuge donc pas de la qualité globale des appareils. Les capteurs Fuji X-Trans sont exclus de ces résultats car leur technologie est incompatible avec le banc d’essai DXO. Les appareils retirés de la vente sont également exclus.

Les graphiques présentés ci-dessous sont générés par un programme informatique que j’ai écrit pour les besoins de cet article, qui recherche automatiquement les informations pertinentes sur Internet et effectue un traitement numérique des données avant de les tracer. Les graphes sont mis à jour environ 4 fois par an (nouveaux appareils photo et nouveaux prix). La masse de travail en amont de cet outil (le seul de ce genre à ma connaissance) étant importante, vous pouvez faire un don en bas de cette page s’il vous est utile.

Avertissement : les données de prix sont récupérées par rétro-ingénierie sur le moteur du recherche du site du marchand et ne sont pas vérifiées individuellement. Ce moteur de recherche est parfois instable, par exemple la recherche du Leica M9 renvoit vers le Leica M10 alors que le M9 n’est plus vendu et c’est donc le prix du M10 qui est affiché sous l’étiquette du M9. De même, la recherche d’un Nikon D610 boîtier nu renvoie comme premier résultat un D610 en kit avec un objectif, le prix est donc majoré. Assurez vous de vérifier précisément les prix des appareils photo qui vous intéressent avant de conclure, il m’est impossible de valider manuellement la centaine de références affichée ici.

Les graphiques sont interactifs et peuvent être zoomés. Pour savoir quel appareil photo est représenté par un point, il suffit de survoler le point désiré avec votre curseur. Les graphiques 3D peuvent être pivotés en faisant un cliqué-déplacé avec le bouton central de la souris (molette).

Plage dynamique : utile en paysage, c’est le contraste maximal que peut restituer le capteur sans perdre de détails dans les hautes et basses lumières à sa sensibilité minimale.

Profondeur de couleur : utile en portrait, c’est le niveau de finesse des dégradés de couleurs à la sensibilité minimale du capteur.

Sensibilité à 30 dB : utile en photo de sport, c’est la sensibilité maximale du capteur pour un niveau de bruit acceptable (SNR de 30 dB).

#Performances optiques globales en fonction du prix - 2D

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Ce premier graphique affiche la note globale DXO en fonction du prix en dollars US actualisé. On observe une loi compliquée, basée sur une exponentielle corrigée. Les appareils sités trop loin de la moyenne sont pris en compte avec une importance inférieure (filtrage gaussien d’écart-type indiqué sur le graphe) afin de privilégier les appareils dans la tendance. La moyenne géométrique des prix et celle des scores DXO sont matérialisées en gris : on rappelle qu’une moyenne géométrique donne plus de poids aux prix élevés et aux notes élevées. La zone supérieure à la moyenne DXO contient les meilleurs appareils, la zone à gauche de la moyenne des prix contient les appareils les moins chers, le rectangle de l’optimum qualité-prix contient donc les appareils les moins chers ayant des performances similaires aux appareils les plus chers. Les appareils étant les plus éloignés au dessus de la courbe de tendance (en gris) sont les plus intéressants (appareils situés dans les zones verte et bleue et au-dessus). Les appareils à droite de la moyenne géométrique des prix sont sans intérêt pour le commun des mortels : trop chers pour leurs performances, leur prix est « justifié » par des fonctionnalités de pointe qui les destinent à des usages spécialisés. On observe que tous les prix sont disponibles pour les appareils situés au dessus de la moyenne des scores DXO : de 340 $à 6600$.

Les zones de qualités supérieure, inférieure, etc. ont chacune  une hauteur d’un écart-type. Il est recommandé de choisir un appareil dans la zone bleue ou au-dessus (au moins un écart-type au-dessus de la tendance). On voit qu’à partir de 1200 $, les capteurs plein-format sont superposés aux capteurs micro &frac43; et APS.

3 marques sont systématiquement au-dessus de la tendance : Nikon (qui utilise des capteurs Toshiba et Sony) pour ses réflexs, Sony pour toute sa gamme à capteurs APS et plein format et Pentax. Canon ne classe que 3 appareils dans la zone supérieure (verte) et 1 sur la tendance. À prix équivalent, les réflexs Nikon sont systématiquement 5 à 15 points au-dessus des Canon, et les hybrides Sony, 8 à 20 points au-dessus.

#Performances optiques globales en fonction du prix - 3D

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Ce graphe présente les performances optiques détaillées (ISO, plage dynamique, profondeur de couleur) en 3D avec une indication du prix sur la couleur des points. Un appareil homogène sera proche de la diagonale en gris. On observe que les appareils les plus chers (Leica, Canon 1DX, Nikon  D5 et D4 S) brillent du côté de la sensibilité et de la profondeur de couleur, mais possèdent une plage dynamique en retrait. Les meilleurs capteurs sont des Sony, soit montés dans les appareils Sony, soit dans les appareils Nikon (D810, D610, D750). Sans surprise, les capteurs les plus gros se classent en tête.

#Performances optiques détaillées en fonction du prix

La régression utilisée est une loi de la forme $y=a * ( 1- e^{-b  x}) + c + d x$ avec a, b, c, d des paramètres déterminés par la méthode des moindres carrés non-linéaire et l’algorithme de Levenberg-Marquardt. Vous pouvez ignorer ce paragraphe si vous ne le comprenez pas.

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Ce graphe est la projection en 2D du précédent.

#Rapport qualité/prix en fonction du prix

Les rapports qualité/prix sont calculés en divisant les notes DXO globales par les prix actuels, puis sont normalisés pour les ramener dans un intervalle [0-100] où 100 représente le meilleur rapport qualité-prix et 0 le moins bon. Ces notes sont relatives et ne doivent être utilisées que pour classer les appareils. La régression utilisée est une loi de la forme $y=a * ( 1- e^{-b  x}) + c + d x$ avec a, b, c, d des paramètres déterminés par la méthode des moindres carrés non-linéaire et l’algorithme de Levenberg-Marquardt. Vous pouvez ignorer ce paragraphe si vous ne le comprenez pas.

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Ce graphe montre les rapports qualité/prix en fonction du prix des appareils. Les meilleurs rapports qualité/prix sont les Nikon D3300 D3200, D3400, D5200, et les Sony A5000 et A5100, c’est à dire les appareils d’entrée de gamme sortis entre 2012 et 2015. Les pires rapports sont les appareils Leica. Après 2800 $, le rapport qualité/prix (optique) passe sous les 10 % ce qui marque des produits destinés à un public de niche aux besoins précis (et pas seulement optiques). Un amateur aura intérêt à privilégier des appareils dans la partie haute de la courbe.

#Conclusion

Réflex pro ou réflex amateur, la différence ne se fait pas tant sur la qualité d’image que sur l’ergonomie du boîtier, sur les contrôles d’image et sur les fonctionnalités périphériques. Une photo professionnelle est réalisée d’abord avec une optique professionnelle, et ensuite par un photographe  capable de maîtriser sa composition, sa lumière, de trouver un angle intéressant, de diriger son modèle, de post-traiter ses images avec goût et surtout d’utiliser son boîtier au maximum de ses possibilités. Il n’y a pas d’appareil meilleur qu’un autre dans l’absolu. Le meilleur produit, c’est celui qui est adapté à vos besoins. Il convient donc de les identifier…

Méfiez vous des comparaisons ou des tests d’appareils photo, qui sont systématiquement faits en prenant les images JPEG produites par le boîtier, et sans analyser l’impact du logiciel sur les fichiers RAW. Tous les fichiers RAW ne se valent pas, et sur un RAW donné, tous les logiciels ne se valent pas non plus. De plus en plus, c’est le logiciel et la retouche qui vont faire la différence, et comparer les RAW traités automatiquement par le boîtier n’a pas de sens.

Le plus important, pour un appareil, c’est l’ergonomie et le confort d’utilisation. Pour à peu près tout le reste, on peut s’arranger. Le traitement du bruit fait chaque année des progrès, celui des aberrations chromatiques aussi. Attendez vous à redécouvrir vos vieux RAW sous un jour nouveau dans les prochaines dans les prochaines années. Mais pensez à planifier les coûts logiciels dans le prix de l’appareil photo, la suite Adobe est désormais à au moins 12 €/mois et de moins en moins de logiciel vous accordent des licences perpétuelles.

En Anglais : comparaison entre les photos prises avec un boîtier amateur équipé d’une optique pro et celles sorties d’un boîtier pro avec une optique bas de gamme.

  1. Choisissez votre boîtier réflex en fonction de ses fonctionnalités et de son prix, pas en fonction de sa gamme ou de sa qualité supposée : tous les boîtiers récents sont de très bonne qualité.
  2. Dans des conditions courantes, un boîtier amateur récent ou un boîtier pro donnent les mêmes résultats. L’écart se creuse en basse lumière (photo de nuit, de concert, de mariage) et lors de la mise au point sur des sujets mobiles (photo de sport et animalière).
  3. Ce qui fait une photo professionnelle, c’est l’optique utilisée et le professionnel qui la réalise. Le boîtier en lui-même est secondaire et penser qu’un meilleur appareil fera de meilleures photos est une erreur de mauvais photographe.
  4. Investissez en priorité dans des optiques de qualité car l’objectif est responsable à 80 % de la qualité de l’image. Au besoin, économisez sur le boîtier pour mettre plus d’argent dans un bon objectif.
  5. Si vous avez besoin de matériel pro, vous savez pourquoi. Sinon c’est juste un caprice.

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